S’il est une chose que
la modernité a apportée, voire imposée à l’ensemble des États et des nations de
la planète, c’est bien la prise de conscience que nous vivons tous dans un
espace clos et plutôt restreint, et que les actions des uns ont des
répercussions sur le quotidien des autres. À cette enseigne, l’immigration
internationale tout comme la mondialisation des échanges (ou plutôt la
mondialité[i])
ne constituent pas des phénomènes nouveaux. Les gens passent de continent en
continent, de territoire en territoire et font du commerce d’un bout à l’autre
des océans depuis des siècles, voire des millénaires. Il s’agit là de phénomènes
organiques, naturels.
En réalité, ce que la
modernité apporte comme nouveauté, c’est l’intensité, le volume et, surtout, le
caractère provoqué de certaines migrations à l’échelle continentale et
planétaire. Que l’on pense aux guerres, aux famines ou aux réfugiés climatiques,
de plus en plus de mouvements de population deviennent des questions d’ordre
éthique, voire moral qui interpellent l’ensemble de la communauté
internationale et, dans ce cas-ci, le Québec.
Plus près de nous, le
renversement de la pyramide démographique est l’un des enjeux – sinon le plus
grand – auxquels fera face l’ensemble des nations et des États occidentaux. Le
Québec ne fait pas exception : il se dirige même plus rapidement que les
autres vers un inquiétant déséquilibre sociodémographique. C’est pourquoi,
selon plusieurs experts, la mobilité internationale et interrégionale des
personnes est devenue un indicateur de santé socioéconomique et un important
facteur de développement.
Ainsi, il ne fait aucun
doute que le Québec doit s’ouvrir davantage à l’immigration internationale
parce que c’est une responsabilité, mais aussi parce que nous en avons
cruellement besoin pour assurer la pérennité du modèle québécois.
·
Un décollage planifié
Gardant cela à l’esprit, nous
devons constater qu’aujourd’hui plus que jamais, une grande partie de ces
nouveaux arrivants s’installe dans la métropole (88 %). Pourtant, ces nouveaux arrivants sélectionnés par le Québec éprouvent une
certaine difficulté à trouver un emploi dans la RMR de Montréal. Malgré leur
bonne volonté, les immigrants font face à un taux de chômage qui demeure gonflé
à près du double de celui des Québécois d’origine, soit 11,2 % contre 6,5 %[ii].
Dans
cet esprit, la mise en valeur et la promotion du vivre et prospérer en région revêtent un
caractère incontournable pour bien éclairer les candidats à l’immigration, qui
ne profitent pas d’un bassin d’occasions d’emploi suffisant dans la métropole.
Face à cela, nous ne saurions trop insister sur
l’importance de la question de l’intégration des nouveaux arrivants. Cela-dit,
il est évident que cette intégration interpelle plusieurs aspects de la vie
d’une personne, comme nous l’enseigne la théorie de la motivation de Maslow.
Cependant, plusieurs des éléments fondamentaux identifiés par le psychologue
américain ont pour dénominateur commun l’intégration économique.
Ainsi, selon
une étude de 2008 de Statistique Canada[iii],
il en ressort que l’intégration des immigrants habitant dans les petites
régions moins urbanisées est meilleure que dans les grands centres, et cet
avantage s’accentue au fil des ans. L’étude définit l’intégration économique
selon deux aspects : 1) l’écart initial de revenu au moment de l’établissement
entre les immigrants et les Canadiens, puis 2) la vitesse de convergence ou le
rattrapage subséquent à mesure que les années passent.
Dans les très grandes régions urbaines, précise
cette étude, l’écart initial de revenu est de 37 %. Après quatre ans, il
est de 22 %, et il faut attendre la douzième année pour qu’il tombe sous la
barre des 10 %. En revanche, dans les petites régions urbaines, l’écart
initial n’est que de 14 % et, dès la quatrième année, les immigrants
gagnent 2 % de plus que la moyenne des Canadiens. L’avantage relatif des
immigrants continue d’augmenter au cours des années pour atteindre un sommet de
18 % à la onzième année. Ainsi, bien que les immigrants aient un revenu
plus faible dans tous les types de régions, l’écart se rétrécit à mesure qu’on
se déplace vers des zones plus rurales.
En y regardant de plus
près, on constate qu’il devient évident qu’une meilleure intégration des
immigrants au Québec, notamment par un meilleur déploiement territorial,
servirait plusieurs causes. Celle de l’immigrant d’abord, celle de la
communauté et, certainement, celle de l’économie du Québec, car une meilleure
intégration des immigrants contribuerait à une augmentation du PIB de
2,1 %.
C’est donc dans ce
contexte que les jeunes immigrants se tournent du côté des régions. Dans les faits, depuis 2006-2007, la clientèle issue de l’immigration de l’organisation
Place aux jeunes en région (PAJR) a beaucoup augmenté. Les statistiques de son point de service à
Montréal témoignent déjà très clairement de cette réalité, et il est devenu évident
que c’est ce segment de sa clientèle qui connaîtra la croissance la plus
soutenue au cours des prochaines années.
Évidemment, le resserrement du marché de
l’emploi dans la métropole à la suite de la crise économique mondiale de
2008-2009 a eu un effet considérable sur la migration des jeunes québécois
issus de l’immigration, pour qui les possibilités
d’emploi en région semblent plus accessibles.
|
Total
des participants aux séjours exploratoires
|
Dont immigrants
|
Pourcentage des immigrants
|
Total
des migrations réussies
|
Dont immigrants
|
Pourcentage des immigrants
|
2014-2015
|
1
102
|
499
|
45
%
|
713
|
92
|
13
%
|
2013-2014
|
1
096
|
466
|
43
%
|
817
|
128
|
17
%
|
2012-2013
|
1
247
|
480
|
39
%
|
961
|
139
|
15
%
|
2011-2012
|
1
210
|
451
|
37
%
|
985
|
134
|
14
%
|
2010-2011
|
1
173
|
434
|
37
%
|
896
|
89
|
10
%
|
2009-2010
|
1
212
|
372
|
31
%
|
777
|
78
|
10
%
|
Source : Place aux jeunes en région
Selon les données
mentionnées ci-dessus, les jeunes immigrants montrent un intérêt de plus en
plus marqué pour les régions du Québec. On remarque que, sans avoir fait
d’efforts en la matière, le pourcentage de migrations réussies, c’est-à-dire
d’individus s’étant concrètement établis dans l’une des MRC rurales partenaires
de PAJR, est en augmentation. À cet égard, il apparait qu’en apportant les bons
recadrages sur l’ensemble de la structure de soutien à l’établissement en
milieu rural, les résultats pourraient avoisiner les 40 % de migrations
réussies d’ici un horizon de 5 ans, soit l’équivalent du pourcentage du nombre
de participants aux séjours exploratoires.
·
Une destination tout
indiqué
Cependant, plusieurs
candidats immigrants se disent moins satisfaits que les non-immigrants des
services d’accompagnement offerts. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces
insatisfactions dont la notion espace-temps imaginée par le nouvel arrivant peu
concordante avec la réalité et la quantité d’information que celui-ci doit
assimiler. De plus, mentionnons le nombre de structures et de mandats associés
qu’il doit démêler, et les exigences des ordres et des corporations de métiers,
qui sont nouvelles pour lui. Il y a aussi l’exigence de l’expérience
québécoise, qu’il doit déchiffrer afin de convaincre les employeurs qu’il a les
compétences souhaitées, et parfois la nécessité de retourner sur les bancs
d’école pour acquérir les normes et les outils du marché du travail québécois.
Nous remarquons aussi la
méconnaissance du territoire québécois et les préjugés véhiculés sur celui-ci;
les réticences des employeurs qui n’ont pas acquis la compétence
interculturelle; et, surtout, le stress occasionné par l’urgence de trouver un
emploi, car les économies fondent comme neige au soleil! Ainsi, les candidats
issus de l’immigration ont des attentes plus élevées. Malgré tout,
persévérants, ils investiront temps et énergie pour relever le défi et pour
contourner les obstacles rencontrés, pour peu qu’on leur offre un coup de main.
À ce moment, deux
caractéristiques du profil de l’immigration au Québec attirent notre attention.
La première est que 79,2 % des personnes issues de l’immigration déclarent
connaître le français[iv]. Chez les
jeunes travailleurs qualifiés admis en 2013, 72,3 % déclaraient connaître
le français. Cela constitue un critère essentiel lorsque le projet
d’établissement en région non métropolitaine est envisagé. L’autre
caractéristique, donnée particulièrement intéressante pour les employeurs
québécois qui sont en démarche d’internationalisation est le taux de
bilinguisme des immigrants au Québec : 57,5 %. Ce taux est de 15 %
supérieur à celui des jeunes québécois d’origine.
Parallèlement, entre 1991 et 2006, le marché de
l’emploi en région a augmenté annuellement en moyenne de 1 %, devançant
ainsi la croissance du marché des centres urbains. Naturellement, la tendance a
pris une pause lors de la récession de 2008-2009 pour reprendre par la suite et
se poursuivra jusqu’à la fin de la précédente décennie. Cette croissance, que
l’on peut assurément considérer comme positive pour les milieux concernés,
représente néanmoins un défi majeur pour les employeurs du Québec,
particulièrement ceux des régions, en matière de disponibilité de main-d’œuvre
qualifiée.
À ce chapitre, la Fédération canadienne de l’entreprise
indépendante (FCEI) signale que, parmi les plus importantes contraintes à la
croissance des petites et moyennes entreprises (PME), la pénurie de
main-d’œuvre se classe au 2e rang. Sachant que, au cours des prochaines
décennies, plus de 55 % de l’offre de main-d’œuvre devrait provenir des
jeunes, le phénomène de concentration de la jeunesse québécoise dans les
principaux centres urbains, où beaucoup auront déjà migré pour poursuivre leur
formation et de l’immigration, représente un enjeu majeur. C’est d’autant plus
vrai que la croissance du marché de l’emploi, particulièrement de l’emploi
qualifié, continuera sa progression pendant la décennie 2010-2020, et ce, plus
rapidement que celle de la population active.
Parallèlement,
la question de la relève entrepreneuriale se précise aussi au rythme du
vieillissement des populations. Elle constitue, pour l’ensemble du Québec qui
aura besoin de 38 000 nouveaux entrepreneurs pour prendre la relève des
baby-boomers, un enjeu bien réel et lourd de conséquences en matière d’emplois,
bien entendu, mais aussi et surtout en matière de création d’une richesse
collective. En région, comme c’est le cas pour le secteur de l’emploi, la
relève entrepreneuriale demeure une préoccupation importante pour la pérennité
et la vitalité des communautés. Dans les faits, la reprise et l’implantation de
PME diversifiées et concurrentielles contribuent à la création et au maintien
d’emplois qualifiés, attirant à leur tour la main-d’œuvre en région.
De notre point de vue, il reste désormais à
débusquer ces entrepreneurs de la relève pour les exposer aux très nombreuses
occasions d’affaires disponibles en région. Évidemment, plusieurs modèles
d’affaires peuvent être mis en œuvre afin d’assurer une continuité des
opérations de la PME dans la communauté d’origine. Toutefois, comme c’est déjà
le cas dans plusieurs MRC, ces options peuvent parfois ne pas se réaliser avec
des gens du milieu.
C’est à ce moment précis que l’établissement en
région devient une voie intéressante à explorer et à exploiter. Dans les faits,
la migration de néo-Québécois ayant un profil entrepreneurial doit jouer
davantage un rôle dans la dynamisation des territoires. Or, les occasions
d’affaires rentables présentes en région sont très mal connues des jeunes en
milieu urbain. Il est donc primordial de bâtir un lieu de convergence des
intérêts ou un pont entre les occasions d’affaires en région et les jeunes
entrepreneurs potentiels des centres urbains.
Ainsi, l’une des principales pistes de solution à
ces deux défis demeure la mobilité interrégionale au sens large. Plus
précisément, Emploi-Québec mentionne que de meilleures mesures d’accompagnement
et d’intégration des immigrants permettraient, d’une part, de diminuer leur
taux de chômage anormalement élevé, témoignant de leurs difficultés
d’intégration économique dans la métropole, et d’autre part, de bonifier le
bassin d’entrepreneurs potentiels et l’offre de main-d’œuvre qualifiée en
région.
Pour nous, les régions à caractère rural sont
source d’innombrables occasions d’implication, de carrière et d’affaires.
Celles-ci se retrouvent dans bien des domaines, allant au-delà de l’emploi, de
l’habitation ou de la santé. Cependant, comme indiqué par le Conference Bord du
Canada (CBC), il reste encore beaucoup de travail à mettre en œuvre, car près
de la moitié (41) des municipalités régionales de comté (MRC) ou territoires
équivalents (TE) ont des taux d’attraction[v]
inférieurs à la moyenne québécoise. Seulement le tiers des MRC (31) affichent
un score à peu près égal à la moyenne. Ainsi, l’attractivité et la capacité
d’accueil des communautés représentent « un
défi qui sera au cœur même de la construction de communautés durables. L’établissement
de communautés durables ne passera pas par le seul biais de politiques axées
sur le développement économique. […] C’est là un rouage important de la
prospérité future de toute communauté, qu’elle soit rurale ou urbaine. »[vi]
En somme, il s’agit d’offrir aux personnes
immigrantes un maximum d’accès aux occasions d’épanouissement socioéconomique
pour leur permettre de devenir des citoyens actifs qui participent pleinement
au développement socioéconomique du Québec.
·
Un atterrissage attendu :
Enfin, notre dernière remarque concerne la question, centrale et
essentielle, de l’accueil et du déploiement de ces nouveaux résidents.
Considérant les défis démographiques et économiques déjà évoqués, nous sommes
d’avis que non seulement le Québec doit s’ouvrir davantage à l’immigration,
mais plus encore, nous devons nous assurer d’offrir aux nouveaux arrivants un accueil
cordial et chaleureux et de favoriser leur établissement aux quatre coins du
territoire québécois, favorisant d’autant leur intégration.
Nous
considérons que l’avenir de l’ensemble du Québec passe par une contribution
optimale de sa jeunesse, particulièrement des jeunes québécois issus de
l’immigration, par l’occupation du territoire et par le développement
socioéconomique de l’ensemble du Québec. À cet égard, nous croyons fermement
que ces jeunes formés et dynamiques représentent un important capital humain
pour les communautés, mais aussi et surtout que celles-ci représentent un
bassin significatif d’occasions d’épanouissement socioprofessionnel pour ces
jeunes, occasions qu’il faut mettre en valeur et communiquer.
Cela
dit, sur la participation des immigrants et, plus largement, sur la place et la
contribution de la diversité à l’avancement du Québec, force est de constater
que, hormis l’épisode de la commission Bouchard-Taylor, aucun débat public n’a
jamais vraiment amené les Québécois à réfléchir de façon constructive et à
cheminer sur cette question devenue essentielle. Or, aujourd’hui, avec les
défis auxquels le Québec fait face, la réalité nous rattrape.
Concrètement, la résidence temporaire ouvre une porte fort utile pour la
catégorie des travailleurs spécialisés et des étudiants, mais, plus encore,
pour les entreprises et les institutions d’enseignement en région. D’un côté,
elle permet à des employeurs de faire appel à un bassin de main-d’œuvre
relativement abondant pour une période d’intense production. De l’autre, elle
ouvre les portes de nos écoles en mal d’étudiants et de financement en région.
Dans tous les cas, l’immigrant comme l’employeur s’en trouvent avantagés,
car l’un est plus à même d’apprécier ce que le Québec a à lui offrir comme
milieu de vie. L’autre peut mesurer l’expertise et la capacité d’adaptation de
l’immigrant. Dans le meilleur des cas, cette résidence temporaire se
transformera en résidence permanente, pour le plus grand bénéfice de chacun et
du Québec dans son ensemble.
Comme mentionné en
introduction, nous sommes d’avis qu’une plus grande ouverture du Québec à
l’immigration doit faire partie des stratégies de l’État pour assurer le
bien-être à long terme de la population québécoise. Toutefois, pour que
l’immigration internationale contribue au développement socioéconomique d’une
communauté, elle doit évidemment être en phase avec les besoins de celle-ci.
Suivant cette logique
qui identifie un meilleur déploiement de l’immigration sur l’ensemble du territoire
québécois comme un facteur de réussite pour l’enjeu abordé. Nous considérons
que le milieu municipal est la pierre angulaire sur laquelle le gouvernement
devrait s’appuyer pour s’assurer que chaque projet d’immigration aboutisse et
se concrétise avantageusement pour tous dans un milieu de vie volontaire et
préparé en ce sens.
À cet égard, dans la
foulée de la nouvelle gouvernance territoriale convenue entre le gouvernement
et le milieu municipal, notamment dans le cadre du nouveau pacte fiscal, nous
sommes d’avis que les élus municipaux disposent de la légitimité pour assurer
une responsabilité partagée avec le gouvernement quant à l’accueil et à
l’intégration des nouveaux arrivants.
Comme dans le cas du
développement économique, il n’est pas question ici d’obliger les municipalités
à opérationnaliser l’accueil et l’intégration, mais plutôt de miser sur le
leadership municipal pour contaminer les milieux aux bienfaits de l’ouverture
et de l’accueil à la diversité. De même, il s’avère que, d’ores et déjà, les
élus municipaux disposent de certains outils qui, mis à contribution,
pourraient jouer un rôle important pour faciliter l’arrivée et la pleine
contribution des nouveaux arrivants. Nous pensons ici évidemment aux
différentes politiques mises en place par les municipalités ou MRC (ex. :
famille, aînés, santé, transport collectif, etc.), mais aussi aux différents réseaux
communautaires et économiques appuyés par les municipalités de même qu’aux
infrastructures de loisirs, culturelles ou sportives.
Nous croyons fermement
qu’il n’existe aucune autre échelle plus apte que celle du milieu de vie
immédiat pour assurer la réussite d’un projet d’immigration. Avec le bon
leadership, la mobilisation des forces vives de la communauté pourra prendre
différentes formes dans chacune des municipalités ou MRC ainsi qu’offrir un
visage humain et rapidement familier à l’immigrant. Cela favorisera d’autant
son intégration, son épanouissement et sa contribution à la société.
***
Si
on tient pour acquis que la destinée de l’humanité est de progressivement évoluer
vers un mode de vie plus agréable, une plus grande justice et une plus grande
solidarité, il nous apparaît on ne peut plus souhaitable et utile d’assurer le
partage et la mise en commun des idées, des expériences ou des savoirs afin de
rejoindre le plus rapidement possible cet objectif.
Dans
les faits, si ce métissage des connaissances et des saveurs se réalise avec une
certaine aisance sur les campus des universités ou dans d’autres univers plus
formels, il en va différemment de la réalité telle qu’elle est vécue à
l’échelle grand public.
Ainsi,
on ne peut demander à un individu ou une communauté plutôt homogène depuis 400
ans d’adopter une attitude complètement ouverte du jour au lendemain. De même,
on ne peut lui demander de renoncer à ses repères socioculturels sur l’autel de
l’humanisme au risque d’accélérer un mouvement d’homogénéisation lui-même en
conflit direct avec l’idéal d’ouverture, voire d’authenticité proposé par
Charles Taylor[vii].
Certes,
le devoir de chacun est de participer et de contribuer à sa façon et selon ses
possibilités. Ainsi, on s’attendra à ce que cet individu ou cette communauté
s’ouvre progressivement à la diversité, en comprenant que ce geste aura pour
mérite d’enrichir ce précieux actif culturel en mutation perpétuelle qu’est l’identité collective. C’est là qu’il
convient de revenir à notre proposition initiale sur l’importance de bien
identifier collectivement la valeur ajoutée, pour un Québec fier et fort d’une
identité et d’une culture spécifiques, de l’ouverture à la diversité!
[i] Selon Édouard Glissant, si la
mondialisation est bien un état de fait de l'évolution de l'économie et de
l'Histoire, et qu'elle procède d'un nivellement par le bas, la mondialité est
au contraire cet état de mise en présence des cultures vécu dans le respect du
Divers. La notion désigne donc un enrichissement intellectuel, spirituel et
sensible plutôt qu'un appauvrissement dû à l'uniformisation que nous ne
connaissons hélas que trop. Ce qui correspond davantage à notre
conception de l’universalisme.
[iv]
MIDI. Fiche synthèse sur l’immigration et
la diversité ethnoculturelle au Québec, Direction de la recherche et de
l’analyse prospective, gouvernement du Québec, 2014, 4 p., www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/FICHE_syn_an2013.pdf;
MIDI. Présence en 2014 des immigrants
admis au Québec de 2003 à 2012, Direction de la recherche et de l’analyse
prospective, gouvernement du Québec, 2014, 36 p., www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/PUB_Presence2014_admisQc.pdf.
[v] Nombre
de nouveaux arrivants par tranche de 100 personnes.
[vi]Conference Board du Canada. Les communautés rurales : L’autre moteur économique du Québec. Juin
2009,140 p.
[vii] Charles Taylor.
Multiculturalisme: Différence et démocratie. Flammarion (Champs essais), 2009.
139 p..