L’entrepreneuriat 2.0
L’entrepreneuriat 2.0 est la
renaissance de la relation privilégiée voire symbiotique qui doit lier
l’entrepreneur et la communauté dans laquelle il évolue. Ainsi,
l’entrepreneuriat 2.0 rappelle que la science économique est une science
sociale et que l’entrepreneuriat est l’une des manifestations les plus
fondamentales de celle-ci.
Dans cet esprit, l’entrepreneuriat est
vu comme un phénomène [1]collectif[2]
qui a perdu ce caractère pour devenir un phénomène associé essentiellement à
l’individu. À cet égard, l’entrepreneuriat 2.0 apparaît en réaction aux
égarements voire à l’échec du néolibéralisme à assurer le développement sain et
la création de richesse pour tous.
Concrètement, l’entrepreneuriat 2.0
incarne, à la racine de l’économie, le renouvellement de l’alliance
communauté/entrepreneur dans un changement de cap vers un éthique des affaires
recentré sur le développement (et non seulement la croissance) et le bien
commun, avec l’entrepreneur bien ancré au centre.
C’est ainsi que d’un côté, la
communauté retrouve son rôle de partie prenante naturelle de l’entreprise comme
fiduciaire d’un certain actif collectif. Il s’agira notamment de ressources
naturelles ou de ressources financières à faire fructifier mais aussi d’un
climat favorable à instituer afin de favoriser l’initiative individuelle. De
l’autre, l’entrepreneur, qui préserve ses acquis fiscaux et sociaux, reconnait et
endosse concrètement ses devoirs et responsabilités envers sa communauté
d’accueil.
La collectivité cesse donc de participer
ponctuellement pour s’impliquer concrètement au quotidien dans l’émergence de nouveaux
entrepreneurs entre autres par le partage tacite du risque d’affaires. Certains
parlent d’une collectivisation du risque. Ainsi, il ne s’agit plus de
« faire l’économie » comme à l’époque de l’État providence ou du « laisser
faire » qui nous a récemment mené à la crise, mais de « faire
avec » l’entrepreneur et ainsi contribuer
à l’actualisation de l’éthique économique du 21e siècle.
Ultimement, l’objectif de cette
approche de l’entrepreneuriat est de réintroduire la communauté dans le cycle
de vie de l’entreprise afin d’influencer fortement la prochaine génération
d’entrepreneurs. Ce faisant, les valeurs collectives au même titre que celles
de l’entrepreneur[3],
feront partie de l’ADN de l’entreprise et de l’économie du 21e
siècle. Le nombre, la qualité et la
portée des entrepreneurs se trouveront augmentés. Les entreprises seront mieux
ancrées territorialement et adopteront une vision à long terme de l’économie
qui pourra, le cas échéant, amorcer un processus de réhumanisation à l’échelle
planétaire.
En somme, l’entrepreneuriat 2.0, c’est
le lieu d’expression des ambitions de l’entrepreneur en devenir ET de la
communauté qui le soutient. Toutefois, on
ne peut décréter cette nouvelle alliance, il faut la construire et à l’instar
de Marshall McLuhan, nous croyons que le médium est le message[4].
C’est pourquoi les travaux des membres de la tournée nationale sur
l’entrepreneuriat du MDEIE effectuée en 2010 et 2011 ainsi que la politique qui
en résultera est si importante. Elle a le pouvoir de déterminer la nature de la
prochaine génération d’entrepreneurs.
[1] Jacques Palard « La Beauce inc. : capital
social et capitalisme régional.
[2] Notamment au niveau du climat mis en place afin de
favoriser les initiatives ou de l’objectif poursuivi qui est de répondre aux
besoins et aux aspirations de tous à commencer par ceux du promoteur.
[3] S’il ne s’agit pas complètement des mêmes.
[4]
« […] les technologies, roues, armes, alphabets, argents, imprimeries,
électricité, communications électroniques, ne sont pas des outils neutres, mais
transforment notre environnement et, en forçant le changement de nos modes de
perception, deviennent de puissants agents de notre évolution. La roue a créé
la route; le papier, les empires; l’imprimerie, la liberté et la démocratie; et
[…] le Xerox, les comités! » Jean Paré (citant McLuhan), Conversations
avec McLuhan, Boréal, 2010. p. 24-25.