vendredi 4 mai 2012

L'entrepreneuriat 2.0


L’entrepreneuriat 2.0

L’entrepreneuriat 2.0 est la renaissance de la relation privilégiée voire symbiotique qui doit lier l’entrepreneur et la communauté dans laquelle il évolue. Ainsi, l’entrepreneuriat 2.0 rappelle que la science économique est une science sociale et que l’entrepreneuriat est l’une des manifestations les plus fondamentales de celle-ci.
Dans cet esprit, l’entrepreneuriat est vu comme un phénomène [1]collectif[2] qui a perdu ce caractère pour devenir un phénomène associé essentiellement à l’individu. À cet égard, l’entrepreneuriat 2.0 apparaît en réaction aux égarements voire à l’échec du néolibéralisme à assurer le développement sain et la création de richesse pour tous.
Concrètement, l’entrepreneuriat 2.0 incarne, à la racine de l’économie, le renouvellement de l’alliance communauté/entrepreneur dans un changement de cap vers un éthique des affaires recentré sur le développement (et non seulement la croissance) et le bien commun, avec l’entrepreneur bien ancré au centre.
C’est ainsi que d’un côté, la communauté retrouve son rôle de partie prenante naturelle de l’entreprise comme fiduciaire d’un certain actif collectif. Il s’agira notamment de ressources naturelles ou de ressources financières à faire fructifier mais aussi d’un climat favorable à instituer afin de favoriser l’initiative individuelle. De l’autre, l’entrepreneur, qui préserve ses acquis fiscaux et sociaux, reconnait et endosse concrètement ses devoirs et responsabilités envers sa communauté d’accueil.
La collectivité cesse donc de participer ponctuellement pour s’impliquer concrètement au quotidien dans l’émergence de nouveaux entrepreneurs entre autres par le partage tacite du risque d’affaires. Certains parlent d’une collectivisation du risque. Ainsi, il ne s’agit plus de « faire l’économie » comme à l’époque de l’État providence ou du « laisser faire » qui nous a récemment mené à la crise, mais de « faire avec » l’entrepreneur et ainsi  contribuer à l’actualisation de l’éthique économique du 21e siècle.
Ultimement, l’objectif de cette approche de l’entrepreneuriat est de réintroduire la communauté dans le cycle de vie de l’entreprise afin d’influencer fortement la prochaine génération d’entrepreneurs. Ce faisant, les valeurs collectives au même titre que celles de l’entrepreneur[3], feront partie de l’ADN de l’entreprise et de l’économie du 21e siècle.  Le nombre, la qualité et la portée des entrepreneurs se trouveront augmentés. Les entreprises seront mieux ancrées territorialement et adopteront une vision à long terme de l’économie qui pourra, le cas échéant, amorcer un processus de réhumanisation à l’échelle planétaire.
En somme, l’entrepreneuriat 2.0, c’est le lieu d’expression des ambitions de l’entrepreneur en devenir ET de la communauté qui le soutient.  Toutefois, on ne peut décréter cette nouvelle alliance, il faut la construire et à l’instar de Marshall McLuhan, nous croyons que le médium est le message[4]. C’est pourquoi les travaux des membres de la tournée nationale sur l’entrepreneuriat du MDEIE effectuée en 2010 et 2011 ainsi que la politique qui en résultera est si importante. Elle a le pouvoir de déterminer la nature de la prochaine génération d’entrepreneurs.


[1] Jacques Palard « La Beauce inc. : capital social et capitalisme régional.
[2] Notamment au niveau du climat mis en place afin de favoriser les initiatives ou de l’objectif poursuivi qui est de répondre aux besoins et aux aspirations de tous à commencer par ceux du promoteur.
[3] S’il ne s’agit pas complètement des mêmes.
[4] « […] les technologies, roues, armes, alphabets, argents, imprimeries, électricité, communications électroniques, ne sont pas des outils neutres, mais transforment notre environnement et, en forçant le changement de nos modes de perception, deviennent de puissants agents de notre évolution. La roue a créé la route; le papier, les empires; l’imprimerie, la liberté et la démocratie; et […] le Xerox, les comités! » Jean Paré (citant McLuhan), Conversations avec McLuhan, Boréal, 2010. p. 24-25.